Cigarette électronique et sevrage tabagique : quelle efficacité ?
De nombreuses personnes ne se déplacent plus sans leur cigarette électronique ou vapoteuse à portée de main. Commercialisé depuis 2010 en France, nous disposons dorénavant de plusieurs années de recul sur son utilisation. Prévue initialement pour aider au sevrage tabagique, remplit-elle effectivement son rôle ? Son usage a-t-il été détourné ?
Qu’est ce que la cigarette électronique ?
Une cigarette électronique ou SEDEN (Système Electronique de Délivrance de la Nicotine) est un dispositif électronique constitué d’une batterie, d’un réservoir de liquide et d’une résistance. La résistance, chauffée par la batterie, est immergée dans le liquide. Lorsque le consommateur aspire sur l’embout, l’appareil émet une vapeur ou aérosol. De la nicotine et/ou des arômes sont dissous dans le liquide grâce à des solvants organiques comme le propylène glycol ou le glycérol (1).
Comment faire pour passer du tabac à la vapoteuse ? Comment arrêter de fumer ou diminuer sa consommation de tabac avec la cigarette électronique ou e-cigarette ?
Il est indéniable que la consommation de tabac entraîne une dépendance chez les consommateurs. A l’arrêt, la sensation de manque se traduit par une tension, une nervosité, une irritabilité, une angoisse, voire des risques de dépression (2). L’arrêt du tabac, surtout chez les gros fumeurs, nécessite un accompagnement.
L’accompagnement au sevrage tabagique peut être réalisé par un professionnel de santé (médecin traitant, addictologue). Celui-ci peut proposer une prise en charge par des traitements médicamenteux comme les substituts nicotiniques sous forme de patch transdermiques ou de comprimés vendus en pharmacie (2). L’utilisation de la cigarette électronique ou e-cigarette peut également être suggéré même s’il s’agit d’un produit de consommation courante, en vente libre, non soumis à une prescription médicale.
La e-cigarette reproduit les sensations de la cigarette classique : geste, fumée. Il est possible de choisir la dose de nicotine contenue dans le liquide. L’objectif est de réduire cette dose progressivement pour accompagner le consommateur vers l’arrêt du tabac dans un premier temps puis vers le sevrage de la cigarette électronique dans un second temps. Si certains utilisateurs continuent de fumer de vraies cigarettes tout en utilisant une vapoteuse, ces objets n’ont pas été conçus pour cet usage (2). La e-cigarette électronique peut aussi être utilisée sans nicotine, avec seulement les arômes (2).
Est-ce que la cigarette électronique est efficace comme aide au sevrage tabagique ? Permet-elle d’arrêter de fumer complètement ?
En 2017, Santé Publique France a mené une étude sur le sujet. Les résultats montrent que la cigarette électronique permet de diminuer la consommation de tabac, ce qui est déjà un atout. En revanche, il n’a pas pu être mis en évidence que la cigarette électronique est efficace pour arrêter complètement de fumer.
En l’absence de données plus précises, il est actuellement impossible de répondre à cette question. Des essais cliniques rigoureux sont nécessaires dans ce domaine, bien que les essais en double aveugle soient impossibles (1).
Quel est l’avis des pneumologues sur la cigarette électronique ?
Le tabac expose les consommateurs à trois risques principaux:
- Les cancers liés aux substances cancérigènes contenus dans les cigarettes : benzène, arsenic, chrome…
- Les maladies cardio-vasculaires liées au monoxyde de carbone et aux particules fines de la fumée. Un fumeur a deux fois plus de risque de mourir d’un infarctus du myocarde (2) qu’un non fumeur.
- L’insuffisance respiratoire liée aux particules solides de la fumée de cigarette.
Si ces substances chimiques irritantes sont quasiment absentes des cigarettes électroniques, les éventuels dangers pour la santé de celles-ci ne sont pas encore tout à fait écartés (3). Leurs effets secondaires ne sont pas parfaitement connus. C’est pourquoi les cigarettes électroniques ne devraient jamais être utilisées chez le non-fumeur et ne devraient pas faire l’objet d’une utilisation prolongée chez l’ancien fumeur ou le fumeur en cours de sevrage tabagique. Néanmoins, le tabac fait plus de 75 000 morts par an en France. En l’état actuel des connaissances, l’usage ponctuel de la cigarette électronique dans le cadre de l’arrêt du tabac apparait être un moindre mal et présente un rapport bénéfice/risque intéressant (1, 3).
En revanche, la cigarette électronique suscite des interrogations. D’une part, elle induit un risque de renormalisation du geste. D’autre part, elle semblerait être une passerelle vers le tabagisme chez les adolescents. En effet, une étude menée aux Etats-Unis montre que les adolescents non fumeurs utilisateurs de cigarettes électroniques ont deux à trois fois plus de risques de devenir fumeurs que ceux qui n’ont jamais utilisé de cigarette électronique (4). Même si des études complémentaires sont nécessaires sur ce point, la vigilance et la prévention sont de mise concernant l’utilisation de la cigarette électronique chez les non-fumeurs. D’ailleurs, la vente de cigarette électronique est interdite aux mineurs (2).
Sources :
(1) Institut national du cancer – Cigarettes électroniques : ce qu’il faut savoir – Mis à jour le 27 janvier 2022.Consulté le 03 juin 2022.
(2) Observatoire français des drogues et des tendances addictives – Tabac et cigarette électronique – Mis à jour en mai 2022. Consulté le 03 juin2022.
(3) Centre de lutte contre le cancer Léon Berard – La cigarette électronique ou vapoteuse – Mis à jour le 10 mai 2022. Consulté le 03 juin 2022.
(4) Watkins et al., Association of noncigarette tobacco product use with future cigarette smoking among youth in the population assessment of tobacco and health (PATH) study, 2013-2015 – JAMA pediatr. Mis en ligne le 01 février 2018. Consulté le 03 juin 2022.
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