Comprimés d'iode : dans quels cas doivent-ils être utilisés ?

Quelle est la différence entre l’iode stable et l’iode radioactif ?

En l’état actuel des connaissances, l’iode stable ou iodure de potassium, aussi appelé iode naturel, présente peu de dangers pour la santé contrairement à l’iode radioactif (iode 131). L’iode radioactif est produit lors de réactions de fission nucléaire de noyaux d’uranium ou de plutonium, soit lors de la production d’énergie dans un réacteur nucléaire, soit lors de l’explosion d’une arme nucléaire. Les populations peuvent être exposées à la suite d’un accident dans une centrale nucléaire ou lors d’une attaque atomique. Elles peuvent alors ingérer de l’iode via des aliments contaminés (lait, eau, végétaux) ou tout simplement via les voies respiratoires (1).
Il est à noter que les quantités d’iode radioactif rejetées dans l’atmosphère diffèrent beaucoup selon la situation : elles sont beaucoup plus importantes en cas d’accident dans une centrale nucléaire que lors d’une explosion d’une arme atomique. Par ailleurs, la météo le jour de l’évenement et dans les jours qui suivent est déterminante (sens et force du vent) (2).

Pourquoi prendre des comprimés d’iode ? A quoi sert l’iodure de potassium ? Quels sont ses effets sur la thyroïde ?

La thyroïde est une petite glande en forme de papillon localisée à la base du cou qui sécrète des hormones ( triiodothyronine T3 et thyroxine T4) régulant de nombreuses fonctions de l’organisme : régulation de la température corporelle, de l’appétit, des fonctions cardiaques, cérébrales et rénales… La thyroïde a la propriété de fixer l’iode qu’il soit radioactif ou stable. Une trop grande quantité d’iode radioactif dans la thyroïde favorise à long terme le développement de cancers de cet organe, en particulier chez les enfants et les jeunes adultes. Le risque est également très important chez les femmes enceintes et allaitantes.
Lorsque la thyroïde bénéficie d’une saturation massive en iode grâce à la prise de comprimés d’iode stable, elle ne peut pas fixer l’iode radioactif, qui est alors ingéré puis éliminé par l’organisme par les voies naturelles (1).

L’iode stable protège t-il de tous les effets néfastes de la radioactivité ?

L’iode 131 n’est pas le seul élément radioactif néfaste pour la santé. Du césium 134 ou 137 peuvent aussi être rejetés lors d’un accident nucléaire (3). C’est pourquoi, en cas d’alerte, une mise à l’abri durant le passage des particules dans un bâtiment en dur est nécessaire, en fermant les portes et les fenêtres et en coupant la ventilation. Les populations doivent également se préparer à une éventuelle évacuation en préparant leurs papiers personnels et leurs traitements habituels.

Où se procurer des boites de comprimés d’iode sans ordonnance ? En pharmacie ? Où les acheter en France ?

En France, les comprimés d’iode stable sont fabriqués par la Pharmacie Centrale des Armées (2). Une distribution préventive de comprimés d’iode a été réalisée auprès des populations résidant dans les zones aux alentours des centrales nucléaires françaises (20 km) via le plan particulier d’intervention. Les comprimés ont été envoyés aux personnes concernées par voie postale. Les collectivités (écoles, entreprise…) en ont également à disposition pour permettre une distribution au bon moment.
Par ailleurs, la France dispose d’un stock suffisant de comprimés pour protéger en urgence l’ensemble de la population française. Ces stocks sont localisés chez les grossistes-répartiteurs, dans différents endroits du territoire permettant une distribution très rapide en cas d’alerte.
Il est donc inutile de demander au médecin traitant une ordonnance pour des comprimés d’iode. Il est également impossible d’acheter des comprimés d’iode en pharmacie ou de s’en procurer sur internet.

Quand faut-il prendre des comprimés d’iode ?

Les comprimés d’iode doivent être pris dans un laps de temps assez court par les populations en cas d’accident ou d’attaque nucléaire. Pour une efficacité optimum, l’ingestion de comprimés d’iode doit avoir lieu dans les heures précédant l’émission de particules radioactives et au plus tard 8 heures après celle-ci (1). Les comprimés sont efficaces pendant 24 heures. La prise de comprimés d’iode en prévention est donc inutile.
En cas de risque avéré, c’est le préfet qui est chargé d’ordonner la prise de comprimés d’iode par les populations selon les mesures prévues par le plan ORSEC iode (1). Tous les moyens de communication seront utilisés pour prévenir les populations : radio, télévision, téléphone, véhicules de gendarmes ou de pompiers équipés de haut-parleurs…

Quelle est la posologie de l’iode stable ?

Chaque comprimé contient 50 mg d’iode. Si une alimentation équilibrée permet de couvrir les besoins quotidiens en iode, elle ne suffit pas pour protéger la thyroïde. La posologie est la suivante :

• 2 comprimés chez l’adulte et l’enfant de plus de 12 ans,
• 1 comprimé pour l’enfant de 3 à 12 ans,
• la moitié d’un comprimé dissous dans une boisson (lait, eau, jus de fruit) pour les enfants de 1 mois à 3 ans,
• un quart de comprimé pour les bébés de moins de 1 mois.

L’administration peut être prolongée en cas d’exposition répétée à l’iode radioactif (2). L’iode radioactif a une demi-vie d’environ 8 jours. Il disparait de l’environnement au bout de 80 jours.

Quels sont les dangers des comprimés à base d’iode ?

Comme tout médicament, l’iode stable présente des avantages et des inconvénients. Quelques effets indésirables non graves et transitoires peuvent survenir: gout métallique dans la bouche, nausées et vomissements, diarrhées, maux d’estomac, palpitations cardiaques.
Chez l’enfant et l’adulte jeune, les bénéfices de l’iode stable sous forme de comprimés en cas d’exposition à l’iode radioactif sont incontestables. En revanche, chez l’adulte après l’âge de 40 ans, la saturation de la thyroïde par l’iode stable peut entraîner des conséquences importantes comme une dérégulation de l’organe. Une modification de la production d’hormones peut déclencher une hypothyroïdie ou une hyperthyroïdie chez la personne. Une hyperthyroïdie peut se traduire par de nombreux symptômes : une maladie cardiaque (troubles de la fréquence cardiaque), un excès d’angoisse lié aux troubles du système nerveux, des bouffées de chaleur, une altération de la peau… En regard, les risques de cancers de la thyroïde et les taux de mortalité associés sont beaucoup moins importants dans cette tranche d’âge que chez les plus jeunes.
Concernant les contre-indications de l’iode stable, elles sont rarissimes. L’hypersensibilité à l’iode est extrêmement peu fréquente et ne doit pas être confondue avec l’hypersensibilité aux produits de contraste iodés.

Sources :

(1) Ordre National des Pharmaciens. Demandes en comprimés d’iode : quelles réponses apporter à la population ? Publié le 05 mars 20222. Consulté le 21 avril 2022.
(2) Inserm. Des comprimés d’iode pour se protéger des radiations, vraiment ? Publié le 14 mars 2022. Consulté le 21 avril 2022.
(3) IRSN (Institut de radioprotection et de Sureté Nucléaire) Prise d’iode stable : mettre fin aux idées reçues. Publié en mars 2022. Consulté le 21 avril 2022.