IVG médicamenteuse en ville : ce qui a changé
Durant la période des confinements successifs, l’accès à l’IVG médicamenteuse a été assoupli. Ces nouvelles conditions d’accès ont été pérennisées. Quel est le nouveau délai pour une IVG en ville ? La téléconsultation est-elle possible ? Médiprix fait le point sur le sujet.
Comment avorter en France en dehors de l’hôpital ? Jusqu’à quand peut-on avorter (délai) ?
En France, il existe deux types d’avortements : chirurgical ou médicamenteux. L’IVG (Interruption Volontaire de Grossesse) médicamenteuse représente 30% des avortements. Il n’est pas nécessaire de se rendre obligatoirement chez son médecin traitant. Elle peut être prescrite par n’importe quel médecin ou par une sage-femme en cabinet de ville, dans un centre de planification et d’éducation familial ou dans un établissement de santé. Elle est accessible aux majeures comme aux mineures, sans justificatif (1).
Deux consultations sont nécessaires. Il n’y a pas de délai minimum entre les deux consultations. Celles-ci peuvent maintenant avoir lieu en téléconsultation. Les médicaments seront alors délivrés par la pharmacie d’officine choisie par la patiente après transmission par messagerie sécurisée de l’ordonnance du médecin ou de la sage-femme (2). Si les consultations ont lieu en présentiel, les comprimés sont donnés à la patiente par le médecin ou la sage-femme lors de la seconde consultation. En complément, un entretien d’information, de soutien et d’écoute (entretien psychosocial) est proposé à toutes les femmes à l’occasion de la demande d’arrêt de la grossesse ; il est obligatoire pour les mineures. Les mineures n’ont pas besoin d’autorisation parentale, mais la présence d’un accompagnant majeur est obligatoire lors du rendez-vous.
Depuis peu, l’IVG médicamenteuse est accessible jusqu’à la 7ème semaine de grossesse ou 9ème semaine d’aménorrhée (début des dernières règles). Auparavant, elle était autorisée jusqu’à la 5ème semaine de grossesse (7ème semaine d’aménorrhée) (2,3).
Comment se passe un avortement avec des médicaments à domicile ?
Deux molécules sont utilisées : la mifépristone et le misoprostol. Il existe deux protocoles différents :
- 200 mg de mifépristone puis 24 à 48 heures plus tard 800 µg de misoprostol,
- 600 mg de mifépristone puis 24 à 48 heures plus tard 800 µg de misoprostol.
La mifépristone bloque l’action de la progestérone, favorise les contractions et ouvre le col de l’utérus. Des saignements, une grande fatigue et des douleurs se manifestent. Les douleurs ressemblent à celles des règles mais en plus intenses. Le misoprostol, toujours pris en second, provoque des contractions utérines pour déclencher l’expulsion de l’oeuf. La patiente a des nausées, des vomissements, des saignements et de fortes douleurs.
Des médicaments antalgiques sont également prescrits (ibuprofène à dose antalgique, paracétamol). Le traitement est pris en charge à 100% par l’Assurance maladie. Le second comprimé doit être pris au domicile et non au cabinet, pour éviter tout risque d’expulsion sur le trajet de retour. La patiente ne doit pas être seule à son domicile au moment de l’expulsion. Le médecin doit lui remettre les coordonnées d’un établissement à contacter en cas de complications.
Il existe un risque possible de poursuite de la grossesse. Le taux de réussite des pilules abortives est de 95%, d’où la nécessité d’un contrôle 14 à 21 jours après l’IVG. Celui-ci a pour objectif de vérifier que l’avortement a bien fonctionné. Le médecin pratique un examen clinique, un test urinaire et éventuellement une échographie. En cas d’échec de l’IVG médicamenteuse, il faudra procéder à une IVG instrumentale, si la patiente souhaite toujours avorter.
Combien de temps faut-il pour avorter avec les pilules abortives ?
L’expulsion de l’embryon se produit dans les 4 heures après le second comprimé pour 60% des femmes, dans les 24 à 72 heures pour 40% des femmes. En revanche, les saignements ne s’arrêtent pas une fois l’oeuf expulsé. Ils durent 10 à 15 jours.
Quels sont les risques et les effets secondaires d’une interruption volontaire de grossesse médicamenteuse ?
Même si les complications sont rares, les comprimés pour IVG médicamenteuse sont des médicaments et ne sont pas dénués d’effets secondaires. La patiente peut ressentir dans les heures suivant la prise des nausées et vomissements, des diarrhées, de la fièvre, une forte fatigue, des vertiges, des saignements peu abondants et des douleurs très intenses. Si des saignements abondants sont présents, la jeune femme doit consulter rapidement.
Comme l’IVG chirurgicale, l’avortement médicamenteux n’a pas d’impact sur la fertilité future de la femme.
Que devient le fœtus après l’IVG ?
A ce stade de la grossesse, l’embryon mesure environ 7 mm, voire moins si l’IVG est très précoce. Lors de son expulsion, il est mélangé à des caillots de sang et à de la muqueuse utérine. Il est donc quasiment impossible de le distinguer.
Sources
(1) Ameli. L’interruption volontaire de grossesse. Mis à jour en mars 2022. Consulté le 8 juillet 2022.
(2) Journal officiel. Décret n° 2022-212 du 19 février 2022 relatif aux conditions de réalisation des interruptions volontaires de grossesse par voie médicamenteuse hors établissement de santé. Publié le 19 février 2022. Consulté le 8 juillet 2022.
(3) ANSM. IVG médicamenteuse : maintien de la possibilité de les réaliser jusqu’à la 7ème semaine de grosses en dehors d’un établissement de santé. Mis à jour le 3 mars 2022. Consulté le 8 juillet 2022.
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